Mémoires de goulags

Michaël Prazanprazan est documentariste et écrivain. Spécialiste des idéologies meurtrières, il accompagne la plupart de ses films d’un récit de voyage mêlant anecdotes de tournage.

Dans Varlam publié chez Rivages et qui succède à la sortie de son film Goulag(s), Michaël Prazan nous conduit de Moscou à la Sibérie orientale sur la « route des ossements » par des températures oscillant entre - 40° et - 60° à la recherche de traces et de témoins de ces camps de travail nés sous le régime tsariste, devenus goulags dès 1918 et dont le dernier n’a fermé qu’en 1988.

Varlam c’est le prénom de Varlam Chalamov considéré comme le plus grand écrivain des camps, admiré et très estimé en Russie mais méconnu en France. Il est le fil rouge de cette quête mémorielle.
Dans ce récit on apprend qu’épuration et répression sont mis au service d’une vaste et profitable entreprise d’exploitation minière qui a fait des millions de morts. Cette histoire met en lumière les rapports complexes de domination qu’entretenait l’URSS puis la Russie actuelle avec ses pays voisins, notamment l’Ukraine.

Varlam c’est aussi le nom donné à un jeune chat, découvert au milieu de nulle part dès le 1er jour de tournage en Sibérie. Littéralement en train de geler, il est sauvé par l’équipe et devient un personnage à part entière. Ce petit chat polytraumatisé nous accompagne tout au long du récit. On assiste à sa lente guérison et au développement du lien très fort qui s’instaure entre l’animal et le réalisateur.
Double félin de Varlam Chalamov, il incarne la résistance extraordinaire dont ont fait preuve les zeks, prisonniers des camps dans des conditions de détention extrêmes.

Varlam c’est enfin une histoire de rencontres et de découverte de la Sibérie, de ses paysages d’une beauté époustouflante, des Evenks, éleveurs de rennes, vivant sous un système matriarcal, pratiquant le chamanisme, rebelles aux influences russes.