L’anti-guide d’éducation sexuelle.


Avec beaucoup d’autodérision, de recul, de liberté et d’humour, Florence Dupré La Tour retrouve ses yeux d’enfant pour raconter dans Pucelle, le tabou de la sexualité dans sa famille et les conséquences qu’il aura dans sa construction.

Au cours de pages nostalgiques et tendres, elle évoque son enfance d’expatriée à Buenos Aires au sein d'une famille traditionnelle, bourgeoise et chrétienne, où le père très dur, leur assène des punitions vexatoires et brille par son absence, où la mère est soumise à son mari et aux préceptes de sa religion. Elle dépeint également de façon satirique les tabous régnant dans ce foyer où on ne parle pas de «ces choses-là», ni de puberté ni de sexualité. Et à l’église, on terrorise les enfants avec le péché de chair.

L’auteure livre ici une œuvre féministe au vitriol, drôle, pudique et touchante, sur les ravages des non-dits, le carcan familial bourgeois, la place des femmes au foyer et la toute-puissance des hommes. Comment construire sa féminité au sein de ce milieu très strict où tout ce qui concerne le sexe est sale et hautement tabou et laisse ses enfants dans l’ignorance, voire les culpabilise ? La sexualité ne peut-être que fantasmée, imaginée et finalement rejetée par la petite fille.

Le dessin économe, à l’encre de chine rehaussé d’aquarelle rose, s’accordant au propos est grinçant et restitue pleinement les expressions, les humeurs des personnages.

Florence Dupré La Tour n’épargne ici personne, surtout pas elle-même, c’est drôle, touchant et universel !

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