Le plus beau voyage, c'est celui qu'on ne fera jamais.
Abel est un vieil agriculteur coincé dans sa vie et dans son petit village, alors qu’il ne rêve que de partir loin…
Avec Le voyage d’Abel, Isabelle Sivan et Bruno Duhamel au dessin, abordent avec tendresse et poésie, la vieillesse et la solitude à travers les rêves de voyages de ce papy ronchon.
Depuis la mort de ses parents, Abel s’occupe de la ferme familiale qu’il voit s’écrouler doucement, avec pour seule compagnie un chien de berger dont il se passerait bien. Abel n’a jamais voulu de ce boulot. Ses frères ont fui. Alors il est resté. Par devoir, par fatalisme, mais pas par choix. Réclusion à vie. Il n’a jamais connu l’amour. Il n’a jamais quitté son village. S’il a voyagé, c’est seulement à travers les guides touristiques qu’il acquiert depuis des décennies. Mais cette année, c’est décidé, il vend la ferme et part en Ethiopie pour fuir cette routine qui l’étouffe, les railleries des villageois, cet hiver et ce travail qu’il hait.
Sivan et Duhamel tracent par petites touches sa vie, le réveil à 5 heures, la répétition des tâches, la dureté du travail… nous dévoilant peu à peu son caractère, ses rêves qui lui permettent de s’évader de son quotidien, de sa routine, de son enfermement. Nous marchons ainsi dans les pas lents et répétés d’Abel, qui, de saison en saison, au cours d’une année, prépare son départ.
Loin de s’apitoyer sur son sort, les auteurs livrent un récit aux dialogues incisifs et drôles, et dressent un portrait très touchant et attendrissant du vieil homme. Ils laissent beaucoup de place aux silences, à des temps d’arrêts et à de superbes moments contemplatifs dans des paysages faits de bleu, gris, noir et blanc, qui laissent passer beaucoup d’émotions.
Une chronique de vie douce-amère, une pépite !