Serena - Médiathèque départementale des Deux Sèvres

Lady Macbeth dans les Appalaches.

Dans les années 30, un couple sans état d’âme, poussé par le désir de s’enrichir, entend bien exploiter jusqu’au dernier tronc d’arbre les bois des Smoky Mountains.
Adaptation du roman éponyme de Ron Rash par Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg, Serena est à la hauteur de ce puissant roman noir : une fascinante et cruelle héroïne liée à la vie et à la mort à son mari dans une fresque impitoyable d’une Amérique sauvage et sans loi.

La belle Serena vient d’épouser George Pemberton, un riche propriétaire forestier. Ce couple infernal est déterminé à déboiser jusqu’au dernier arpent de bois les forêts dont Pemberton a hérité, en dépit du projet gouvernemental d’y créer un parc national. Leur tâche est facilitée par la crise des années 30 : les ouvriers qu’ils traitent en esclaves sont prêts à tout accepter pour nourrir leur famille.
Chevelure rousse, regard noir, cavalière hors pair, Serena impose le respect par sa connaissance des arbres et va se révéler d’une perversité plus grande que celle de son mari. Accompagnée d'un aigle perché sur son bras et son effrayant homme de main, la jeune femme ne recule devant rien pour réaliser ses ambitions (ou une sourde revanche?)...
Cette quête de pouvoir se transforme vite en folie meurtrière et laisse la terre à nu.

Les auteurs livrent une adaptation exemplaire, à la fois libre et fidèle, du roman de Ron Rash. Ils restituent avec beaucoup d’authenticité les conditions de vie et le climat des Appalaches dans les années 1930 et montrent comment des êtres humains peuvent devenir des monstres par simple avidité. Les personnages sont intenses et pas seulement Serena à qui on imagine un passé d’autant plus trouble et violent que la jeune femme révèle une noirceur toujours plus prononcée au fil du récit. La narration portée par une tension tendue au couteau nous tient en haleine tout au long du récit.

Le dessin épuré, sombre, expressif, au trait charbonneux et les décors à couper le souffle d’où se détachent la chevelure flamboyante et le cheval blanc de Serena, contribuent à reproduire l’ambiance noire du roman. Les gros plans sur le regard noir et hostile de Serena vous percent et font froid dans le dos.
Coup de cœur pour ce récit glaçant d’une profonde noirceur.

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Des mêmes auteurs, nous avions bien aimé les remarqués L’Astragale, La Lionne et Le Roi des scarabées, également chez Sarbacane.