Truculent et magistral !
César du Meilleur documentaire en 2019, Ni juge ni soumise brosse le portrait d'Anne Gruwez, Juge d'instruction à Bruxelles. Cette femme à poigne et peu impressionnable, nous fait partager son quotidien fait de paperasse et de crimes sordides. Nous assistons à ses enquêtes sur le terrain, au volant de la 2 CV bleu pervenche et à des auditions plus fascinantes les unes que les autres, où son sens de la répartie fait mouche.
Car Madame le Juge est un personnage de théâtre à elle toute seule : intransigeante, caustique, truculente, blagueuse, impudique. Mais sous cette facade se cache quelqu'un qui mène ses équipes tambour battant, avec une poigne qui force le respect. Policier, prévenu, collègue, chacun est logé à la même enseigne.
On rit beaucoup, même dans les moments qu'y ne s'y prêtent pas. Les deux réalisateurs, Jean Libon et Yves Hinant, ont suivi Anne Gruwez pendant trois ans. Ils ont su montrer une femme professionnelle confrontée au pire, qui sait garder son humanité, notamment envers les femmes qu'elle ne juge jamais sur un plan moral, ou lorsqu'on la voit s'investir avec coeur, dans la réouverture d'un dossier classé depuis 20 ans, l'assassinat de deux prostituées de l'agglomération bruxelloise.
En regardant Ni juge ni soumise, on est écartelé entre le fond qui nous montre une justice sérieuse et implacable, et la forme qui tend vers le comique.