N’avez-vous jamais eu envie de vous faire justice vous-même?
Après Lîle des âmes, Piergiorgio Pulixi dépeint dans L’illusion du mal, une Italie très noire où justice, médias et pouvoir semblent très liés.
Entre Sardaigne et Milan, nous y retrouvons avec plaisir le duo de choc formé par les enquêtrices Mara et Eva aidées par un criminologue.
Au centre de l’enquête, il y a un serial killer, surnommé par les médias Le Dentiste ou Le Justicier, qui choisit des cibles représentant les défaillances du système judiciaire (pédophile bénéficiant d’un non-lieu suite à prescription, magistrat corrompu acquitté, …). Par le biais des réseaux sociaux, le Dentiste s’adresse directement au public et le fait voter en lui demandant si le criminel que la justice n’a pas condamné doit, ou non, être puni. Selon la réponse obtenue, la victime aura la vie sauve…ou pas.
«La loi c’est toi» inonde médias et réseaux sociaux, chacun pouvant délivrer la justice en un clic et la course contre la montre commence pour nos enquêteurs. C’est doublement terrifiant : non seulement le Dentiste veut punir la «victime» et le mal se trouve banalisé par tout un chacun, mais aussi faire monter la violence virtuelle et l’utiliser pour renverser le pouvoir judiciaire.
Manière singulière d’amener une réflexion tout à fait actuelle sur l’influence des médias avec «les procès/shows qui se tiennent dans un studio TV» ou sur les travers des réseaux sociaux et la frontière entre réel et virtuel…
La construction est très accrochante et très visuelle, l’univers est glauque mais, heureusement, on sourit en peaufinant notre panoplie de jurons en sarde et on se lèche les babines à l’évocation de plats locaux…entre deux rages de dents…!