Renaître de ses cendres.

Murène, 13ème roman publié par Valentine Goby, est l'histoire du combat d'une vie, avec des difficultés insurmontables mais plein d'espoir.

François, 22 ans, est un jeune homme qui aime la vie. Il vient de rencontrer Nine et il est amoureux. Mais en ce jour de l'hiver 56, son destin bascule. Un grave accident le conduit à l’hôpital pendant plusieurs mois. Á sa sortie, il n'est plus le même, son corps n'est plus le même, ses souvenirs les plus proches ont disparu. Il doit tout réapprendre. Que faire de cette vie, sombrer, ou essayer de se battre pour l'impossible ? Comment affronter le regard des autres ? Comment faire ce que l'on ne peut plus faire ? Un jour, accompagné de sa sœur Sylvia, il découvre dans un aquarium une Murène. Impressionné par sa laideur, François l'observe et semble plonger avec elle dans ce monde du silence. Il rêve de nager, il aime cette sensation de l'eau sur son corps. Poussé par ce désir, il rejoint l'Amicale sportive des mutilés de France. Malgré sa différence, cette expérience est sa résurrection. Il partage, aide les autres et lutte pour le développement du handisport, mal vu au début des années 1960. En 1964, les premiers jeux paralympiques voient le jour, il n'y participe pas mais il a gagné son combat, retrouvé le goût de vivre et l'amour pour Muguette !

Comme toujours Valentine Goby rend son personnage principal très attachant. Ce roman est très bien documenté sur la chirurgie en pleine évolution et l'appareillage qui, dans les années 50, en est à ses balbutiements. On y découvre aussi le dur combat pour faire reconnaître et accepter le handisport. On ne peut pas oublier cette histoire émouvante qui nous ouvre les yeux sur le handicap.

Valentine Goby parle de son roman

Un voyage surnaturel et poétique.

Premier roman de l'auteur australien Robbie Arnott, Flammes a pour fil conducteur le projet d'un jeune homme, obnubilé par la construction d'un cercueil pour sa soeur. Comme les femmes de la famille ont tendance à réapparaître après leur mort, il imagine avec ce cercueil mettre fin à cette "tradition" familiale.

 L'histoire entrelace de manière très fluide les destins et conduites de personnages humains et surnaturels, et nous fait voyager aussi bien dans l'espace que dans le champ des possibles. C'est poétique, plein de fantaisie, très original... Une belle littérature !

Avis de Brigitte, Secondigny : Un conte fantastique, un périple échevelé dans la nature luxuriante de la Tasmanie, un thriller écologique, un roman inclassable ? Mais un roman mené avec humour, tambour battant, à décloisonner le réel et l'imaginaire. Un livre sur la quête d'identité et du sens de la vie.

Deux pères, deux pays, deux passés.

Après l’étonnant Taqawan, Eric Plamondon entremêle l’histoire intime d’Oyana et l’histoire politique du peuple basque.
Un magnifique roman sur l'engagement, le déracinement, l’identité mais aussi sur les illusions et leur perte.

Oyana vit depuis vingt-trois ans à Montréal sous une fausse identité. En mai 2018, apprenant la dissolution officielle de l’ETA, elle décide de rentrer dans son pays natal, au Pays basque, de quitter son compagnon et de lui révéler dans des lettres, ce qu’elle lui a toujours caché. Elle a vécu au Pays basque français jusqu'à ce qu'elle apprenne qu’elle est la fille d'un activiste décédé et qu’elle soit contrainte de s'exiler après avoir été impliquée dans une opération commando meurtrière de l’ETA. Elle lui demande, non d'excuser, mais de comprendre. Ce retour lui permettra peut-être, si ce n’est d’effacer, au moins d’estomper le mal qui a été fait.

Ce livre court, à l’écriture rapide et précise, mêle habilement un destin individuel et celui d’un peuple. Outre le récit de son émouvante héroïne, Eric Plamondon montre comment se forge un engagement, comment une cause dévie, s’enferme dans une impasse et devient injustifiable. Il met en lumière l’ambiguïté entre résistance et terrorisme, la légitimité ou non de la violence, le poids du remords et des dettes.

Les enfants de coeur, très beau conte de fée pour adultes de Heather O' Neill.

Montréal, hiver 1914. Recueillis et élevés par les revêches bonnes sœurs d’un hôpital-orphelinat, Rose et Pierrot sont deux enfants pas comme les autres. Lui se révèle un pianiste prodige, elle sait comme personne illuminer le visage des enfants tristes par ses pantomimes. Ils tombent bientôt amoureux, et se mettent à rêver ensemble d’un avenir lumineux, sous le chapiteau du cirque le plus spectaculaire que le monde ait jamais connu.

Les aventures de Rose et Pierrot se situent dans les bas fond de Montréal au moment de la grande dépression. Une histoire sociale qui aurait pu être sordide et pourtant voilà un très beau conte de fée pour adultes !

Le récit véridique et incroyable d’une famille qui décide d’héberger un jeune migrant afghan.

Emilie De Turckheim nous livre, avec délicatesse, le journal qu’elle a écrit presque au quotidien pendant l’année où sa famille a accueilli Reza, Le prince à la petite tasse, un jeune réfugié afghan.

Elle nous amène à vivre cette aventure humaine originale et à partager leur questionnement face à cette drôle de cohabitation. On perçoit toute la difficulté d’accueillir l’autre : quiproquos engendrés par les différences culturelles ou la barrière de la langue...

C’est joyeux et optimiste, on sent la rencontre possible, et avec simplicité : "Un jour, j’ai dit : Ils sont des milliers  à dormir dehors. Quelqu’un pourrait habiter chez nous, peut-être ? Et Fabrice a dit : Oui, il faudra juste acheter un lit. Et notre fils Marius a dit : Faudra apprendre sa langue avant qu’il arrive. Et son petit frère Noé a ajouté : Faudra surtout lui apprendre à jouer aux cartes, parce qu’on adore jouer aux cartes, nous !"

Cet éclairage totalement différent sur le thème de l’immigration est très poétique. L’émotion est palpable à chaque page, on ne peut plus lâcher ce texte plein de surprise et de sensibilité. Avec beaucoup de talent, Emilie De Turckheim sait nous rendre chaque instant du quotidien, « spécial » !

Les souvenirs loufoques d'une mamie flingueuse.

En suivant l'itinéraire chaotique et réjouissant de Mamie Luger, une grand-mère indigne, Benoit Philippon nous convie à une comédie désopilante et irrésistible, plus profonde qu'il n'y paraît.

Une centenaire, féministe et... serial killeuse, mais aussi cocasse, immorale et irrespectueuse. Berthe, 102 ans, accueille un matin des gendarmes à coups de luger pour couvrir un couple de fugitifs. Arrêtée, elle raconte sa vie, une vie faite d’assassinats plus ou moins justifiés et révèle ce que cache sa cave...

Voici là un polar burlesque mené tambour battant ! Le récit ne manque jamais de piquant, la plume est ciselée, les dialogues claquent et le personnage de Berthe est extrêmement sympathique. Et en cas d’addiction on peut lire aussi Cabossé du même auteur.

Famille, je vous hais.

Cette nuit de Joachim Schnerf dresse un portrait grinçant d’une famille juive s'apprêtant à fêter Pessah, la Pâque juive. Un récit très intimiste poétique et plein d’humour.

Pour la première fois, Salomon s'apprête à vivre ce moment fort de l'année sans son épouse, récemment décédée. En attendant sa famille et en se préparant mentalement à fêter Pessah, Salomon revisite ce moment à l'aune des Pessah passées et des habitudes prises par les uns et les autres. Ce vieil homme raconte des moments sa vie. Il a été déporté pendant la guerre et assène ses horribles "blagues concentrationnaires" tout au long du récit.

La vie avec sa femme, son grand amour. La vie avec sa famille bien particulière, voire excentrique, mais où chacun se retrouve forcément un peu. Chaque membre y est décrit avec humour et précision.

La lecture de ce livre fait osciller entre sourire et tristesse. Cet homme à la fin de sa vie a peur de continuer sans sa femme et se demande comment tout va continuer sans lui, sans eux. Ceux qui resteront vont-ils ré-inventer ce "modèle" familial si ancré ?

Le récit est parfois rosse mais aussi très tendre vis à vis des êtres qui l'entourent. De plus, suivre le déroulement de cette fête juive est une véritable découverte. 

Au cœur de la tourmente.

Les femmes de Heart Spring Moutain nous transporte dans un coin perdu du Vermont durement touché par l’ouragan Irene à travers le récit d'une jeune femme partie à la recherche de sa mère et de ses racines.

Un magnifique roman où Robin MacArthur sonde le lien puissant entre la terre et les êtres qui y vivent et met les femmes et la nature à l'honneur.

L’histoire débute avec une tempête tropicale en 2011 et la disparition de Bonnie. Vale, sa fille qui vit à la Nouvelle Orléans, est prévenue par sa tante que sa mère est portée disparue. Elle revient sur place pour essayer de la retrouver. Petit à petit, elle découvre la vie de sa famille et soulève des secrets de famille suite à la découverte d’une photo de femme indienne.

Un beau livre qui raconte une histoire familiale dans l'Amérique profonde, une histoire de femmes cabossées par la vie à travers plusieurs générations. L’auteure donne la parole à chacune d'elles par un chapitre court mais intense. Elle s’attache au droit des femmes, à la misère dans ce milieu rural dans le Vermont des années 50 à maintenant. Les hommes ont parfois droit au chapitre et leur histoire est aussi tragique. La nature joue aussi un rôle important, ainsi que le droit des populations indiennes, le droit à la terre, la beauté de la nature et de ce que nous en faisons.

Une belle plume. Une belle histoire attachante et intense. A lire absolument !

Au coeur du sentiment d'exil.
Les exilés meurent aussi d'amour plonge dans l'histoire mouvementée d'une famille iranienne exilée en France. Abnousse Shalmani, est Shirin, la narratrice, une petite fille qui regarde les évènements sous le couvert d'un canapé, avant de trouver, en grandissant, une nouvelle liberté dans le sexe et la littérature  .

Fuyant la révolution islamique en Iran, Shirin a neuf ans quand elle s’installe avec ses parents dans un appartement parisien où s'entasse déjà sa famille maternelle, La Petite fille découvre la réalité cachée derrière l'idéal du communisme pur et dur qui aveugle ses proches. Partagée entre l'admiration et le mépris, elle observe avec acuité le comportement fantasque des femmes de sa famille écartelées entre deux cultures dans un pays où le statut de la femme est libéré.

A côté de cette tribu toxique, soumise au poids du patriarcat tout en organisant des fêtes orgiaques, on croise quelques personnages positifs : une voisine juive, survivante de l’Holocauste, qui protègera Shirin des turbulences de sa famille, Omid, un universitaire iranien réfugié, son amour d’enfance, perdu, puis retrouvé.

Ce roman d'apprentissage, traduit le choc des deux cultures, avec humour et un sens inné de la magie des mots. L'histoire familiale est traversée comme dans un conte des Mille et une Nuit, par l'histoire imaginaire du cheikh soufi Othman Kheiri, en pur contraste avec le récit déstabilisant  du réel.
L'écrivain-e  qui ne cherche jamais à séduire, nous touche directement au coeur et nous saisit par la profondeur de son écriture lyrique et passionnée.

Quel est ce bruit dans la nuit ?
Dans les 2 volumes du Meurtre du Commandeur, Une idée apparaît et La métahpore se déplace, Haruki Murakami évoque un jeune peintre dont la vie est bouleversée le jour où son épouse lui annonce qu'elle ne l'aime plus.

Face à ce séisme, il prend la route pendant quelques mois avant de s'installer dans une maison isolée dans la montagne, celle d'un célèbre peintre japonais. Là, notre narrateur mène une vie simple et solitaire en compagnie de la musique. Il cherche un nouveau souffle à son existence et à son œuvre. Il rencontre un riche homme d'affaires et une jeune adolescente qui joueront un rôle important et influeront sur son avenir.

Voici un roman qui parle de sentiments et de création. Un récit d'une grande simplicité, très épuré mais aussi d'une grande richesse. Il nous fait réfléchir sur le processus de création, sur la place de l'art, sur la peinture et la musique, mais aussi sur la douleur, la perte et la reconstruction. Cependant, le discours reste très accessible et empreint d'une grande humanité. Et, comme toujours avec Muarakami, le récit glisse progressivement vers l'onirique.

Un roman envoûtant ! On se laisse emporter, du grand Murakami !

L'histoire de l'Expo universelle, surprenante et poétique.

Après Trois mille chevaux-vapeur et Équateur, La toile du monde conclut la belle trilogie d'Antonin Varenne qui nous entraîne dans le cadre de l’exposition universelle de Paris en 1900.

Aileen, trentenaire, est une journaliste éprise de liberté qui brise les chaînes de la morale. Un brin sauvage et humaniste, elle arrive du Nouveau Monde pour couvrir l'Exposition Universelle de Paris. En cette première année du vingtième siècle, cette insoumise nous balade entre grands chantiers de la capitale, ville lumière, un Paris égout, un Paris qui pousse et le noir dessein de l'industrialisation. Avec elle, nous découvrons le label des inventions, le progrès comme une conquête et la grande ébauche sombre de notre humanité... Entourée d’une foule de personnages surprenants, elle entre en cavalière dans le Tout-Paris et nous emmène dans un tour du monde dans la capitale.

Une lecture romanesque à lire, à vivre...