Femme libérée et assumée.

Librement inspirée de la vie d’Anaïs Nin, Léonie Bischoff dresse un portrait magnifique d’une femme hautement singulière et romanesque.
Un roman graphique délicat, d’une grande finesse psychologique, plein de sensualité, envoûtant et subtilement colorisé. Passionnant !

Artiste fascinante des années 30 à la personnalité sulfureuse, Anaïs Nin a fait de sa vie une vraie œuvre littéraire en brouillant sans cesse les frontières entre la réalité et la fiction. Américaine d'origine cubaine à la réputation sulfureuse, elle est surtout connue pour ses nouvelles érotiques, ses journaux intimes où elle se livra sans fard et sans pudeur, et pour avoir été la maîtresse du romancier Henry Miller. Léonie Bischoff a choisi de ne pas nous livrer une biographie exhaustive, mais de nous faire connaître sa personnalité complexe. D’emblée, on plonge dans son esprit torturé. Anïs Ninn est une artiste qui doute, passionnée de psychanalyse et d’art, poussée par une grande soif de liberté et d’émancipation, une grande soif d’assumer ses envies, sensuelles et autres.

À l’image de son héroïne, à l'aide d'un crayon à mine multicolore, la dessinatrice insuffle à son récit poésie, sensualité et douceur. Le trait aérien et les couleurs hypnotiques nous enchantent, nous envoûtent.

Un beau coup de cœur qui donne envie de (re)découvrir son œuvre.

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L’anti-guide d’éducation sexuelle.


Avec beaucoup d’autodérision, de recul, de liberté et d’humour, Florence Dupré La Tour retrouve ses yeux d’enfant pour raconter dans Pucelle, le tabou de la sexualité dans sa famille et les conséquences qu’il aura dans sa construction.

Au cours de pages nostalgiques et tendres, elle évoque son enfance d’expatriée à Buenos Aires au sein d'une famille traditionnelle, bourgeoise et chrétienne, où le père très dur, leur assène des punitions vexatoires et brille par son absence, où la mère est soumise à son mari et aux préceptes de sa religion. Elle dépeint également de façon satirique les tabous régnant dans ce foyer où on ne parle pas de «ces choses-là», ni de puberté ni de sexualité. Et à l’église, on terrorise les enfants avec le péché de chair.

L’auteure livre ici une œuvre féministe au vitriol, drôle, pudique et touchante, sur les ravages des non-dits, le carcan familial bourgeois, la place des femmes au foyer et la toute-puissance des hommes. Comment construire sa féminité au sein de ce milieu très strict où tout ce qui concerne le sexe est sale et hautement tabou et laisse ses enfants dans l’ignorance, voire les culpabilise ? La sexualité ne peut-être que fantasmée, imaginée et finalement rejetée par la petite fille.

Le dessin économe, à l’encre de chine rehaussé d’aquarelle rose, s’accordant au propos est grinçant et restitue pleinement les expressions, les humeurs des personnages.

Florence Dupré La Tour n’épargne ici personne, surtout pas elle-même, c’est drôle, touchant et universel !

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Froide vengeance.


En Islande au Xe siècle, le retour dans son île natale d’un ancien mercenaire viking n’aspirant qu’au repos et à la paix, ravive anciennes blessures et désirs de vengeance.
L’Exilé, porté par le souffle d’un récit dépourvu de clichés et une bichromie des plus esthétiques, est signé par Erik Kriek, auteur de bandes dessinées néerlandais.

Accompagné de ses fidèles compagnons et rêvant de reprendre la vie tranquille de fermier pour oublier des années de violence, Thordsson retourne chez lui après un exil de sept ans pour le meurtre de Hrafn, son ami d’enfance. Ce qui n’est pas du goût de tout le monde, en particulier du frère de Hrfan qui a soif de vengeance...

Erik Kriek nous plonge dans un voyage islandais des plus dépaysants et très réaliste, qui prend des allures de western avec ses luttes pour étendre possessions et pouvoir. Il brosse des portraits sans concession et son héros est plutôt un antihéros hanté pas ses vieux démons.

Avec un encrage utilisant un maximum de masses noires rehaussées de gris et de rouge, le graphisme nous plonge dans une atmosphère hostile, glaciale et des décors lugubres.

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Secrets de famille.

Giovanni Di Grégorio et Alessandro Barbucci lancent une nouvelle série jeunesse, dont les héroïnes sont trois sœurs, Les sœurs Grémillet, un trio très attachant qui va s’allier pour résoudre un mystère...

Les trois sœurs Grémillet sont proches et complices, ce qui ne les empêche pas de se chamailler aussi. Cassiopée rêve du prince charmant, Lucille adore les chats, et l’aînée, Sarah, est obsédée par un rêve étrange qu’elle fait toutes les nuits. Pour trouver un sens à ce rêve, elle va fouiller dans le passé de leur maman, mère célibataire aimante mais très occupée, qui refuse de parler de sa jeunesse. Aidée par ses sœurs, elle se met en quête de réponses auprès des amies de cette dernière.

Ce premier tome, mais également histoire complète, embarque les jeunes lecteurs dans une aventure à l'ambiance un peu fantastique, aussi tendre qu’intense et aux héroïnes très attachantes. Il est servi par le dessin expressif, lumineux et envoûtant d’Alessandro Barbucci. Un univers si attachant qu’on y replongera avec plaisir...

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Le Marsupilami revisité.

Loin, très loin du Marsupilami d’origine, dans une veine plus réaliste et sombre, Zidrou et Frank réinventent le mythique animal.
Prévu en deux tomes, La bête est le début d’une belle amitié et d’une aventure tout public passionnante.

Capturée en Palombie et vendue à des trafiquants d’animaux, une étrange créature, une espèce de singe au pelage jaune moucheté pourvu d’une immense queue, débarque dans les années 50 au port d'Anvers. Elle parvient à s’échapper. Franz, un petit garçon de neuf ans, timide et rêveur, fou d’animaux, va la soigner et prendre soin d'elle. Fils d’un officier allemand reparti après la guerre et d’une poissonnière belge méprisée par tous, lui-même victime de constantes brimades par ses camarades d’école, Franz ne peut empêcher de recueillir tous les animaux blessés ou perdus. Sa maison est devenue une véritable arche de Noé.

Avec son talent de conteur habituel, Zidrou nous immerge dans un récit plein de tendresse et d’émotion avec des personnages très attachants et magnifiquement illustré par Frank Pé. Chaque planche est un petit bijou et reconstitue parfaitement les ambiances des années 50. On attend la suite avec grande impatience…

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Romance sans parole.

La découverte d'un album photos entraîne une jeune employée à travers un voyage dans le temps. 
Béatrice une histoire d'amour originale et un petit bijou graphique onirique totalement envoûtant. Un premier album signé Joris Mertens. 

Béatrice, grosses lunettes, chignon et tailleur strict, est vendeuse dans un grand magasin parisien. Matin et soir, elle prend un train de banlieue et toute la journée elle vend des gants. Une vie de métro-boulot-dodo solitaire, sans drame ni passion. Plusieurs jours de suite elle aperçoit un sac rouge qui semble n'appartenir à personne. Elle finit par s'en emparer, y découvre un album rempli de clichés d’une jeune fille des années folles qui lui ressemble étrangement. Fascinée, elle part à la recherche des lieux représentés dans les photos et c'est dans le café « Faust » que sa vie bascule...

Avec la couleur rouge comme fil conducteur, un dessin sans texte, tantôt tout en noir et blanc, tantôt dessiné au crayon et rehaussé de tons chauds pour différencier les époques, Mertens transporte son héroïne aux confins de la réalité et du fantasme. Ses décors urbains sont somptueux. Béatrice, tout de rouge vêtue, suit le flux des passants dans des rues bondées de passants sans âme, puis bascule dans une vie pleine de musique et de rires.

L'auteur projette en filigrane des univers romanesques ou cinématographiques et baigne son histoire dans une atmosphère envoûtante, mystérieuse et nostalgique.

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Monstre sacré.


Passionnée et au tempérament de feu, muse et inspiratrice de nombreux artistes de tous temps, féministe avant l'heure adulée ou détestée, Sarah Bernhardt, la Divine, a vécu en toute liberté avec une fougue romanesque.
Eddy Simon, au scénario, et Marie Avril, au crayon, retracent la vie d'une des plus grandes actrices de théâtre françaises.

« Rien n’est impossible, il faut tout tenter ». Bousculant les convenances de l’époque, toute sa vie elle a suivi ce prétexte. Excessive et fantasque, controversée, célèbre de son vivant et après sa mort, Sarah Bernhardt détonne dans une époque conventionnelle où la place des femmes est souvent consignée au foyer. Elle fascine pour ses frasques et ses scandales mais aussi pour ses prises de positions audacieuses. Elle fut surnommée par Victor Hugo « la Voix d’or »,  par Jean Cocteau « monstre sacré », par la presse « la Divine ».

Cette biographie n’est pas exhaustive et revient surtout sur les moments clés de son existence. Comme dans une pièce de théâtre, Eddy Simon découpe son récit en plusieurs actes. 

Une histoire haute en couleurs portée par les couleurs chatoyantes et le trait élégant de Marie Avril.

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L'effet papillon.


Jean-Loup, est un petit garçon de 11 ans plein de tocs de comportement à l'imagination débordante. À 7 h 29 précises, un petit rien va changer sa vie.
Vincent Zabus et Hippolyte signent un album plein de fantaisie, surprenant, émouvant et tout à fait Incroyable !

Jean-loup est un enfant différent, en manque d’amour et souvent seul. Il fuit ses camarades et la réalité en se plongeant dans les livres et en se créant un univers rempli d’amis imaginaires. Pour se rassurer, il compte. Le nombre de minutes qui passent et qui le rapprochent de chez lui. Le nombre de fiches manuscrites qu’il rédige sur tout et n’importe quoi. Quand il est effrayé par des événements imprévus.... Tout bascule le jour où il est invité à participer à un concours. Il va devoir affronter le monde et la réalité.

Comme dans Les ombres, les auteurs excellent à aborder des sujets sensibles sous forme de conte. Avec délicatesse, humour et tendresse, ils abordent ici la différence, le mal-être, la souffrance de l’absence. Au départ le récit est déroutant, puis on devine que Jean-Loup a une blessure secrète sur laquelle il ne peut pas mettre de mot, une fragilité, une peur et une solitude qui le rendent très attachant. 

Cette histoire pleine de charme, au ton décalé et drôle, est servie par un dessin doux qui évoque Sempé. Le trait délicat, le dessin sans frontières et les aquarelles chaudes d’Hippolyte conviennent parfaitement à cette ambiance onirique.

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Leur pouvoir, le savoir absolu.


Cinq adolescents se retrouvent soudain détenteurs de l'intégrité du savoir de l'humanité et deviennent la cible d'organismes malintentionnés.
Vincent Dugomier et Renata Castellani au dessin, racontent leurs folles aventures dans Les Omniscients. Une intrigue captivante, des personnages charismatiques : un début redoutablement efficace et prometteur !

Un matin, des ados new-yorkais qui ne se connaissent pas, se réveillent avec des acouphènes et découvrent que leurs cerveaux ont accès à toutes les connaissances du monde ! Relayée par les médias, l’info circule vite et ils se retrouvent traqués par des journalistes, des membres du FBI qui voient en eux une menace, des mafieux... Un scientifique les prend sous sa coupe, les réunit dans une maison sécurisée et tente de les aider à s'adapter à ce pouvoir. Mais d’où vient ce vertigineux don ? Que faire avec ?

Dans la veine des addictifs Seuls et Harmony, cette nouvelle série de Vincent Dugomier (Les enfants de la résistance) a tous les atouts pour plaire au public jeunesse, à partir de 11 ans : rythmée, haletante, emplie de mystère, d’aventure et de fantastique. La dessinatrice Renata Castellani, dont c’est le premier album, installe efficacement cet univers avec des planches très dynamiques et pleines de vie.

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Un album sous haute tension.


Après le Paris de la belle époque (Apache), le monde de la boxe (Panama Al Brown), Alex W. Inker revisite la dépression des années 20, dans son dernier album Un travail comme un autre, libre adaptation du roman éponyme de l’américaine Virginia Reeves.
Entre ségrégation, racisme et emprisonnement, il suit le destin d’un loser progressiste et malchanceux, fasciné par l’électricité. Passionnant et glaçant.

Dans l’Alabama des années 20, Roscoe T. Martin est tellement passionné par l’électricité, source d’énergie révolutionnaire en pleine expansion, qu’il en fait son métier. Mais quand sa femme hérite de la ferme familiale, il doit abandonner son rêve pour travailler la terre. Quelques années et un enfant plus tard, son couple et sa ferme battent de l’aile, lui rumine sa frustration et se noie dans l’alcool. Pour éviter la faillite et améliorer la productivité de son exploitation, il branche sa ferme sur la ligne électrique de l'Alabama Power. Mais son branchement sauvage coûte la vie à un employé de la firme. Il est condamné à 20 ans de prison…

Ce récit impitoyable en trois actes suit la longue descente aux enfers de cet homme qui a joué de malchance et fait des mauvais choix : la vie et ses frustrations, le pénitencier et son univers impitoyable et le retour impossible. 

Avec un graphisme très expressif presque cartoonesque et volontairement rétro, Alex W. Inter nous plonge dans cette Amérique brute et cruelle, avec ses champs de maïs et de coton, ses vieilles voitures bringuebalantes, ses hommes en proie à la faim, à la dépression, la ségrégation raciale, la misère sociale. L’immersion est complète : on sent la sueur et la poussière.

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